Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants, si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ? Non, car il ne pense pas Ă moi en particulier. Mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ? Non car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera quâil ne lâaimera plus. Et si on mâaime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, mâaime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps ni dans lâĂąme? Et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ? Car aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. » Blaise PASCAL, PensĂ©es, 1670, Ă©dition Brunschvicg, fragment 323. n n Ce fragment 323 des PensĂ©es constitue sans doute lâun des textes les plus troublants de la mĂ©taphysique occidentale. Pascal y aborde la question du âmoiâ. Cette notion est universellement invoquĂ©e pour dĂ©signer ce qui fait lâidentitĂ© et la singularitĂ© de la personne humaine. Et de fait, chacun y recourt familiĂšrement avec la certitude quâelle renvoie Ă une rĂ©alitĂ© permanente et stable, Ă la maniĂšre dâun noyau substantiel et indestructible. Mais quelle part de vĂ©ritĂ© se trouve contenue dans cette reprĂ©sentation ? Ătrangement, Ă mesure que Pascal progresse dans son analyse, les certitudes concernant le moi sâaffaissent les unes aprĂšs les autres. Et ceci est dâautant plus dĂ©rangeant que lâanalyse sâaventure dans une direction inattendue la question de ce rapport privilĂ©giĂ© Ă autrui quâest lâamour. Qui aime-t-on vraiment lorsque nous aimons ? En quelques lignes, Pascal nous entraine dans un abĂźme de perplexitĂ© et nous pose cette question le moi est-il rĂ©alitĂ© ou illusion ? âQuâest-ce que le moi ?â La question âQuâest-ce que le moi ?â est la question philosophique par excellence depuis Socrate, puisquâelle porte sur lâessence, sur ce qui fait quâune chose est ce quâelle est quâest-ce que le beau ? La vertu ? Le courage ? Il est Ă noter que cette question ne se confond pas avec la question dâordre psychologique qui pourrait se formuler ainsi âqui suis-je ?â. Elle nâappelle pas lâauteur ou le lecteur Ă sâinterroger sur lui-mĂȘme, Ă se livrer Ă une introspection, mais Ă dĂ©finir lâessence de ce que lâon appelle le âmoiâ. Or, prĂ©cisĂ©ment, cette dĂ©finition, pour ĂȘtre valable, doit ĂȘtre universelle. Il sâagit donc de produire le concept de cette ârĂ©alitĂ©â que lâon appelle le âmoiâ. Mais comment procĂ©der Ă une telle analyse ? Classiquement, pour atteindre lâessence dâune chose ou dâun ĂȘtre, on procĂšde par Ă©limination on dĂ©passe les apparences, les qualitĂ©s extĂ©rieures, pour atteindre lâessence, le noyau substantiel. Câest prĂ©cisĂ©ment la dĂ©marche suivie par Pascal au dĂ©but du texte. Le moi comme objet du regard Pour parvenir Ă une dĂ©finition du moi », Pascal envisage une situation concrĂšte celle dâun homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour regarder les passants dans la rue. Le recours Ă ce genre de situation impersonnelle ne peut que surprendre, car comment pourrait-on saisir le âmoiâ dâune personne en la voyant passer dans la rue? Et pourtant, par effet de contraste, Pascal nous renforce dans une certaine idĂ©e de ce quâest le âmoiâ une sorte de noyau substantiel qui demeure cachĂ©, invisible et donc inobservable de lâextĂ©rieur. Câest pourquoi la rĂ©ponse Ă la question ne nous surprend guĂšre âNon, car il ne pense pas Ă moi en particulier.â En effet, comment ce quâil y a de plus intime et de plus personnel pourrait-il ĂȘtre aperçu dans la plus impersonnelle des situations une personne au milieu de la foule ? Le moi comme objet dâamour Pascal va donc poser le problĂšme dâune autre maniĂšre, en recourant cette fois Ă la situation de lâamour. De fait, il semble bien quâune telle solution puisse nous permettre dâatteindre ce que nous cherchons. Câest en tout cas une certitude universellement admise aimer quelquâun, câest bien entendu lâaimer âpour lui-mĂȘmeâ, pour son âmoiâ. On remarquera au passage quâĂ travers ces deux hypothĂšses, Pascal vient de balayer lâĂ©ventail de toutes les relations humaines possibles de la plus impersonnelle Ă la plus personnelle qui soit. Or, contre toute attente, au fil de son investigation, Pascal parvient Ă chaque fois Ă une conclusion nĂ©gative concernant le moi et lâamour. Sans cesse, le moi nous Ă©chappe. Sâagissant du moi, lâexpĂ©rience nous apprend que la vĂ©role peut ravager un visage sans dĂ©truire la personne ; de mĂȘme, la mĂ©moire, lâhumour, la bontĂ© peuvent sâaltĂ©rer au fil du temps⊠Ces qualitĂ©s ne constituent donc pas le moi âpuisquâelles peuvent disparaĂźtre sans tuer la personneâ. La personne demeure toujours la mĂȘme; les fondements de son identitĂ© nâen sont pas Ă©branlĂ©s, mĂȘme si sa personnalitĂ© sâen trouve affectĂ©e. Par consĂ©quent, le moi, par essence, nâest» ni beau, ni intelligent, ni bon, ni spirituel. Comment se fait-il donc que, en dĂ©pit des changements qui surviennent, une personne puisse demeurer la mĂȘme ? PrĂ©cisĂ©ment, la notion du moi est supposĂ©e rĂ©soudre ce paradoxe de la permanence dans le changement, de lâidentitĂ© de lâĂȘtre dans la multiplicitĂ© de ses manifestations. En outre, lâanalyse de Pascal se hasarde du cĂŽtĂ© de lâamour. Quâaimons-nous vraiment lorsque nous aimons quelquâun son âmoiâ ou seulement des qualitĂ©s ? Lorsque ses qualitĂ©s viennent Ă disparaĂźtre, que reste-t-il de notre amour? Sur cette question, la rĂ©ponse de Pascal se rĂ©vĂšle dĂ©routante. Car nous croyons que lâamour nous permet dâaccĂ©der au moi de la personne aimĂ©e et, dâautre part, nous nous plaisons Ă Ă©tablir des distinctions entre les formes de lâamour. Ainsi, selon que lâamour porte sur lâaspect physique ou sur lâaspect moral de la personne, nous disons quâil est superficiel et inconstant ou, Ă lâinverse, profond, durable et authentique. Mais voilĂ Pascal nous montre que, dans les deux cas, les qualitĂ©s sont âpĂ©rissablesâ et quâelles ne âfont pas le moiâ puisque le moi est supposĂ© demeurer identique, permanent, stable. Par consĂ©quent, aimer une personne pour ses qualitĂ©s physiques ou morales, ce nâest jamais lâaimer pour elle-mĂȘme, mais seulement pour des qualitĂ©s transitoires, pĂ©rissables. Pour les mĂȘmes raisons, il nâest peut-ĂȘtre pas plus superficiel dâaimer quelquâun pour ses qualitĂ©s physiques quâil nâest profond de lâaimer pour des qualitĂ©s morales puisque, dans les deux cas, les qualitĂ©s sont changeantes, pĂ©rissables et quâelles ne âfont pas le moiâ. Toujours, lâidentitĂ© de la personne dâautrui nous Ă©chappe! Pascal suggĂšre donc ici que, si une personne peut perdre telle ou telle qualitĂ© du corps ou de lâesprit, câest peut-ĂȘtre que lâamour repose sur une illusion lorsquâil prĂ©tend Ă©lire et rencontrer son objet. LĂ encore, lâexpĂ©rience des choses humaines semble corroborer lâanalyse de Pascal nous aimons louer les qualitĂ©s de la personne aimĂ©e, les cĂ©lĂ©brer comme les causes de notre amour. Mais lorsque lâamour vient Ă disparaĂźtre, nous ne percevons plus ces mĂȘmes qualitĂ©s. Mais alors, quâavons-nous cru aimer jusquâici ? La personne pour elle-mĂȘme ou seulement des qualitĂ©s ? Impasse et dilemme Les analyses prĂ©cĂ©dentes ont ruinĂ© lâillusion de lâamour et nous ont conduit dans une impasse nous nâavons pas trouvĂ© le moi. Câest pourquoi Pascal se demande âOĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps ni dans lâĂąme ?â Pascal ne pose plus la question âQuâest-ce que le moi ?â, mais la question âOĂč est le moi ?â. Le changement de direction est extraordinaire ! La premiĂšre question portait sur lâessence du moi et semblait en admettre lâexistence car on ne cherche pas la dĂ©finition dâune chose qui nâexiste pas. La seconde, en revanche, porte sur lâexistence du moi si nous nâavons pu le trouver, câest peut-ĂȘtre parce quâil nâexiste pas!⊠Mais cette impasse nous conduit Ă©galement Ă un dilemme, câest-Ă -dire Ă un choix crucial mais impossible Ă faire. Car de deux choses lâune ou bien le moi existe, ou bien il nâexiste pas. Sâil existe, il demeure inaccessible, inconnaissable. Dans ce cas, nous ne pouvons aimer que âdes qualitĂ©s pĂ©rissables qui ne font pas le moi â. Donc, nous ratons le âmoiâ. Inversement, si le moi nâexiste pas, comment peut-on aimer quelquâun âpour lui-mĂȘmeâ. Pourrait-on aimer âla substance de lâĂąme abstraitementâ, indĂ©pendamment de ses qualitĂ©s se demande Pascal? Pourrait-on aimer quelquâun en faisant abstraction de ses qualitĂ©s ? Cette hypothĂšse semble peu crĂ©dible en effet. Il faut noter que Pascal semble ici se moquer de la chose pensante » dont Descartes nous dit quâelle constitue Ă la fois le sujet et lâobjet de la pensĂ©e. Dans le cogito, le sujet qui se dĂ©couvre par la pensĂ©e ne saisit pas son identitĂ© personnelle ni les aspects de sa personnalitĂ© ni les mĂ©andres de son histoire, mais seulement la puissance de penser qui est en lui. En dâautres termes, lâintuition fulgurante du cogito ergo sum » ne rĂ©vĂšle pas un sujet singulier et concret, mais un sujet universel abstrait. PrĂ©cisĂ©ment, une chose pensante, câest-Ă -dire un esprit, un entendement ou une raison ». Toute personne sâavisant de reconduire cette expĂ©rience de pensĂ©e parviendrait au mĂȘme rĂ©sultat Ă lâorigine de lâacte de penser, de douter, il y a nĂ©cessairement un esprit. Le penseur se dĂ©couvre dans lâactivitĂ© mĂȘme de la pensĂ©e, en tant que sujet du verbe penser », mais non en tant que sujet unique et singulier. Injustice Mais le propos de Pascal va plus loin. Il voit bien quâil paraĂźt difficile dâaimer quelquâun abstraitement. Cela semble non seulement impossible, mais encore cela serait injuste. Impossible, car ce sont prĂ©cisĂ©ment les qualitĂ©s de la personne sa beautĂ©, sa gentillesse, sa bontĂ©, son intelligence, son humanité⊠qui nous poussent Ă lâaimer. On nâaime jamais âlâĂąme dâune personne abstraitement, et indĂ©pendamment de ses qualitĂ©sâ. En outre, cela serait injuste, car aimer quelquâun sans prendre en considĂ©ration ses qualitĂ©s, cela reviendrait Ă aimer, par exemple, de la mĂȘme façon un homme bon et un homme mauvais. Or, le principe mĂȘme de la justice consiste Ă traiter les autres en fonction de leurs mĂ©rites personnels. Amour humain et amour chrĂ©tien Comme nous lâavons dĂ©jĂ dit, lâamour humain ne peut naĂźtre que sur la considĂ©ration des qualitĂ©s de lâĂȘtre aimĂ©. Or, seul le prĂ©cepte de lâamour chrĂ©tien peut nous enjoindre dâaimer autrui sans considĂ©rer ses qualitĂ©s singuliĂšres et particuliĂšres femme honnĂȘte ou adultĂšre, prostituĂ©e, bon samaritain, percepteur vĂ©reux ou humble charpentier, tous sont enfants de Dieu. Tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme» autrement dit, tu aimeras autrui non pas en raison de telle ou telle qualitĂ©, mais en raison de son statut gĂ©nĂ©rique, en tant quâil est ton semblable. Lâamour chrĂ©tien constitue-t-il le modĂšle de tout amour vĂ©ritable? Dans un ouvrage qui avait pour but de faire lâapologie de la religion chrĂ©tienne, la remarque a son importance⊠Lire la suite de lâarticle, publiĂ©e le 23 octobre Professeur agrĂ©gĂ© de philosophie, Daniel Guillon-Legeay a enseignĂ© la philosophie en lycĂ©e durant vingt-cinq annĂ©es en lycĂ©e. Il tient le blog Chemins de Philosophie. Suivre sur Twitter dguillonlegeay
Provenantdu podcast Un Ă©tĂ© avec Pascal RĂ©sumĂ© Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une rĂ©alitĂ© indubitable, dont nous avons le sentiment immĂ©diat, mais cette rĂ©alitĂ© est incomprĂ©hensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indĂ©finissable. En savoir plus « Le moi est haĂŻssable. Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants, si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ? Non, car il ne pense pas Ă moi en particulier. Mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ? Non car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera quâil ne lâaimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, mâaime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps ni dans lâĂąme? Et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ? Car aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. » â Blaise PASCAL, PensĂ©es, 1670 Lemoi est ce que je crois savoir de moi, alors que le soi est ce que je suis vraiment. Plus prĂ©cisĂ©ment, on peut dĂ©finir le moi et le soi de la maniĂšre suivante : Le moi est notre ego : câest ce qui nous permet de dire « je » et dâexister en tant que sujet. Par consĂ©quent, le moi est aussi lâindividu que nous croyons ĂȘtre. Cette RĂ©sumĂ© du document Penseur considĂ©rable du XVIIĂšme siĂšcle, Blaise Pascal est sans aucun doute l'un des plus grands gĂ©nies de l'histoire humaine. Qu'il s'agisse de Physique, MathĂ©matiques, LittĂ©rature ou Philosophie, il a contribuĂ© aussi bien au domaine de la connaissance scientifique qu'Ă l'analyse de la condition humaine, si bien qu'il laisse derriĂšre lui des Ă©tudes et des inventions nĂ©cessaires Ă la recherche scientifique ainsi que Les Provinciales, - prise de parti contre les JĂ©suites au nom du JansĂ©nisme - qui constituent par la puretĂ© de la langue, la logique rigoureuse et l'Ă©loquence passionnĂ©e, le premier monument de la littĂ©rature classique. PubliĂ©es en 1670 par les jansĂ©nistes, les PensĂ©es sont le tableau de son entreprise, des notes destinĂ©es Ă former un ouvrage que Pascal ne put mener Ă terme, une apologie chrĂ©tienne qu'il destinait aux libertins et en laquelle il dĂ©montre la nĂ©cessitĂ© de croire en Dieu. Pascal mĂšne une analyse de la condition humaine, incapable d'atteindre la vĂ©ritĂ© ni le bonheur Ă cause de la faiblesse de la raison et de la force de l'imagination, "maĂźtresse d'erreur et de faussetĂ©" et cependant dotĂ© d'une certaine grandeur par la supĂ©rioritĂ© de la pensĂ©e. Son oeuvre se construit selon deux parties MisĂšre de l'homme sans Dieu et FĂ©licitĂ© de l'homme avec Dieu, dans lesquelles il rĂ©sout l'opposition entre misĂšre et grandeur par le christianisme, par la foi en Dieu "sensible au coeur, non Ă la raison". Le lyrisme de l'expression, son style admirable de puretĂ© et de force et la singularitĂ© d'un dialogue qui engage son lecteur, expliquent que l'influence de Pascal se soit exercĂ©e jusqu'Ă notre Ă©poque. Dans une liasse consacrĂ©e Ă La justice et la raison des effets le fragment 323-688 introduit la question du "moi" par une question oratoire qui invite davantage Ă Ă©tonner son lecteur qu'Ă lui indiquer une rĂ©ponse prĂ©supposĂ©e dans la question, "Qu'est-ce que le moi ?". L'interrogation surprend en effet, en ce qu'elle dĂ©passe la simple dĂ©finition du "moi" comme pronom personnel. Il semblerait d'ailleurs qu'on puisse faire un rapprochement avec l'injonction de Socrate "Connais-toi toi-mĂȘme" de laquelle Pascal semble montrer l'impossibilitĂ© et surtout une interrogation qui sans doute la prĂ©cĂšde et qui de plus tĂ©moigne de l'ignorance de la condition humaine quant Ă connaĂźtre une de ses parties qui semble la concerner singuliĂšrement. En effet, avant que Nietzsche ait dĂ©noncĂ© la "fiction grammaticale" qui incite tout un chacun Ă dire "moi" et Ă se munir de ce pronom pour auteur de ses pensĂ©es et de ses actes, Montaigne et Pascal s'Ă©taient dĂ©jĂ interrogĂ©s sur la validitĂ© d'une telle hypostase. Montaigne disait que le problĂšme se situait au niveau du langage "La question est de parole et se paie de mĂȘme. Une pierre c'est un corps mais qui presserait ... Sommaire IntroductionI Qu'est-ce que le moi rapport Ă autruiII Le "moi" dans son rapport intrinsĂšqueIII Le moi sujet-objet et solitude de l'ĂȘtreConclusion Extraits [...] De fait c'est dire que la relation proprement dite n'existe pas. Pascal va plus loin, ce qu'on croit tenir pour relation Ă autrui est une pure illusion, on croit aimer une personne pour ce qu'elle est mais il n'en est rien puisqu'Ă la vĂ©ritĂ© on l'aime pour des qualitĂ©s donnĂ©es dans un temps, qualitĂ©s qui pourraient cependant disparaĂźtre sans tuer la personne faire qu'on aime plus cette personne et laisser le goĂ»t amer d'avoir jadis aimer quelqu'un d'autre qui n'est plus alors qu'il s'agit bel et bien d'une mĂȘme personne. [...] [...] Est-ce lĂ dire qu'il m'a vu moi ? Et pourtant j'Ă©tais bien lĂ . Le moi semble alors entravĂ© par des dĂ©guisements sociaux ou par de simples apparences, autrement dit, le moi selon la doxa, c'est que je suis tel qu'on me perçoit ou tel qu'on croit me percevoir empiriquement et c'est Ă l'encontre de cette idĂ©e que Pascal intervient soit le moi ne traduit pas les qualitĂ©s pĂ©rissables qu'on m'assigne mais ce qu'il reste en deçà des masques et du rĂŽle que je me veux jouer socialement. [...] [...] Soit, l'imagination travestit ce que le moi est en ce qu'il suppose. Nous venons d'Ă©tudier l'interrogation de Pascal Qu'est-ce que le moi Ă travers le rapport Ă autrui, nous allons maintenant aborder la question du sentiment du moi de l'identitĂ© et de l'amour propre, soit le moi dans son rapport Ă lui-mĂȘme. Pascal a travers son interrogation, tĂ©moigne bien d'un sentiment du moi d'oĂč l'intĂ©rĂȘt d'ailleurs de se poser la question. Le moi comme le suggĂšre le texte semble Ă la fois prĂ©sent et appartenu me voir on m'aime moi-mĂȘme c'est bien qu'il est indissociable du sujet qui a donc un sentiment du moi Or Ă la fois prĂ©sent dans chaque proposition oĂč le sujet s'affirme, il semble lui Ă©chapper. [...] [...] Aussi, Pascal, considĂšre le moi comme impĂ©rissable, Ă l'inverse des qualitĂ©s qui sont pĂ©rissables. Or la question ne manque pas de surgir en quoi le moi doit-il ĂȘtre impĂ©rissable puisque je suis mort-nĂ© ou du moins en tant que je suis un ĂȘtre pour mourir ? Si je me considĂšre comme Ă©tant en vie, cela suppose que je suis dans un Ă©tat et que cet Ă©tat est changeant ; je suis temporel et cela ne peut que remettre en question l'intemporalitĂ© du moi. [...] [...] Cependant, il est nĂ©cessaire d'en distinguer le moi comme impĂ©rissable, celui de la conscience, soit j'aurai toujours conscience que je suis. Soit les qualitĂ©s ne sont point moi mais miennes, si bien que je ne peux que les partager et non partager ce que je suis. [...] Quest-ce que le moi? Puis-je atteindre ce "moi" que je dĂ©clare aimer quand je prĂ©tends aimer quelqu'un "pour lui-mĂȘme" ou bien suis condamnĂ© Ă ne connaĂźtre et n'aimer que des "qualitĂ©s", par dĂ©finition Ă©phĂ©mĂšres? Qu'aime-t-on vraiment de l'autre? Le connaĂźt-on vraiment? Le moi est-il connaissable? Une (autre) explication du texte de Pascal (cf. cours Pour RaphaĂ«l Villien, professeur de philosophie au LycĂ©e Berthollet dâAnnecy, ce texte de Pascal se rĂ©vĂšle Ă la fois attirant et redoutable pour des Ă©lĂšves de terminale. Attirant parce que son argument est intelligible et repose sur des distinctions travaillĂ©es en cours contingent/nĂ©cessaire, essentiel/accidentel, avoir/ĂȘtre. Mais Ă©galement redoutable parce que toutes ces analyses sont subordonnĂ©es Ă un problĂšme compliquĂ© Quâest-ce que le moi ? et qu'il est difficile de comprendre la rĂ©ponse que le texte y apporte, ainsi que le sens prĂ©cis de lâargumentation qui tente dâĂ©lucider la nature du moi dans le contexte dâune relation Ă autrui. Quel rapport, prĂ©cisĂ©ment, entre la thĂšse sur lâamour et la nature du moi ? "Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ? Non car il ne pense pas Ă moi en particulier mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ? Non car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera quâil ne lâaimera plus. Et si on mâaime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, mâaime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ? car aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. Pascal, PensĂ©es, Lafuma 688 Introduction "Quâest-ce que le moi ?" Etrange question. Quand se pose-t-elle ? Peut-ĂȘtre dans les moments de doute sur soi ou sur quelquâun, lorsque les repĂšres et les certitudes vacillent Ă©checs, pertes, dĂ©figuration qui suis-je, vraiment, moi ? Lors dâune rupture, qui est-elle, vraiment, elle ? Ce sont des moments oĂč la dĂ©finition ordinaire de soi par ses qualitĂ©s sociales, physiques, intellectuelles ne suffit plus. De nombreux films construits autour de cette question Citizen Kane. Tel est prĂ©cisĂ©ment le problĂšme posĂ© par Pascal, qui lâinscrit dans le contexte de lâamour est-ce vraiment la personne elle-mĂȘme quâon aime, ou ses qualitĂ©s ? On pourrait rĂ©pondre que la personne est indissociable de ses qualitĂ©s, mais câest prĂ©cisĂ©ment la rĂ©ponse que refuse Pascal le moi ne se confond pas avec ses qualitĂ©s empruntĂ©es », si bien quâ on nâaime jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s ». La femme de Roman aimait-elle Roman ou ses qualitĂ©s apparentes ? Ne sommes-nous pas tous dans ce cas aimons-nous lâautre lui-mĂȘme ou ses qualitĂ©s ? Questions Ă poser au texte la distinction du moi et de ses qualitĂ©s va-t-elle de soi ? Pourquoi Pascal passe-t-il par la relation Ă autrui pour dĂ©finir le moi ? Si effectivement le moi ne se dĂ©finit pas par ces qualitĂ©s, quâest-il donc ? Premier moment du texte Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ?DĂ©but du texte une question classique, un objet problĂ©matique et une approche Ă©tonnante. La question est celle de la dĂ©finition quâest-ce que x ? Question socratique par excellence. TĂąche de la dĂ©finition distinguer les propriĂ©tĂ©s nĂ©cessaires, essentielles, des propriĂ©tĂ©s contingentes, accidentelles que la chose peut perdre sans se dĂ©truire. Lâobjet qui pose problĂšme le moi. Tout le texte va montrer quâon ne sait pas prĂ©cisĂ©ment ce quâil faut entendre par ce terme, quâon a du mal Ă distinguer le moi des qualitĂ©s dâemprunts, du mal Ă distinguer le nĂ©cessaire du contingent, lâessentiel de lâaccidentel. Analogie avec Saint Augustin et le temps Confessions XI Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais mais que je veuille l'expliquer Ă la demande, je ne le sais pas ! » ProblĂšme renforcĂ© par la forme substantivĂ©e du pronom moi » on passe dâun usage ordinaire Ă un usage plus philosophique. Difficile de comprendre prĂ©cisĂ©ment ce quâil faut entendre par le moi ». Face Ă ce genre de difficultĂ©s, un conseil ne pas faire comme si on comprenait, mais proposer des hypothĂšses de sens et les confronter au texte. Câest le plus difficile. Quâentend Pascal par le moi » ? le moi un individu empirique, un corps, une personne. Pourquoi ne pas dire une personne ? Le moi une substance pensante, un cogito ? Le moi sens moral de lâattachement Ă soi, de lâamour-propre ? cf Lafuma 597, le moi est haĂŻssable » Quelle rĂ©ponse permet dâapporter le texte ? PremiĂšre proposition Lâhomme Ă la fenĂȘtre voit un individu quelconque, un quidam, il ne me voit pas, moi et il ne voit pas un moi. Ici, Pascal sâappuie sur le langage ordinaire qui fait une diffĂ©rence entre voir quelquâun » et me voir » pour commencer son travail de dĂ©finition philosophique. La diffĂ©rence porte sur la façon de poser un objet le moi ici semble devoir ĂȘtre lâobjet dâune intention particuliĂšre, dâune visĂ©e. Lâindividu doit ĂȘtre visĂ© dans son identitĂ© singuliĂšre, propre. Cf. la diffĂ©rence gĂ©nĂ©ral/particulier/singulier gĂ©nĂ©ral des hommes, la classe des hommes particulier un homme comme exemple, Ă©chantillon de la classe singulier cet homme, en tant quâil se distingue des autres. On voit des hommes en gĂ©nĂ©ral des passants, cf Brassens, Le pornographe, Ă©ventuellement notre regard sâarrĂȘte sur un homme en particulier une passante, Baudelaire, mais on ne perçoit jamais lâindividu dans sa singularitĂ©, son identitĂ© propre, dans son unicitĂ©. Conclusion le moi nâest donc pas simplement un homme quelconque mais approche Ă©tonnante, le moi est apprĂ©hendĂ© dans le cadre dâune relation Ă autrui DâoĂč lâimportance de lâamour, comme visĂ©e intentionnelle de la personne. La question quâest-ce que le moi » ? sera traitĂ©e par cette question mâaime-t-on, moi ? » Et tout le problĂšme du texte sera de savoir si lâon peut rĂ©ellement viser le moi et le trouver. DeuxiĂšme moment du texte De "Mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ?" Ă "OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ?" Argument principal, dont le fonctionnement est clair, qui procĂšde en trois temps avant de conclure il faut dĂ©crire le mieux possible le fonctionnement de lâargument, non pas sa rhĂ©torique, mais sa logique. Il sâagit de montrer que des propriĂ©tĂ©s, des qualitĂ©s qui semblent appartenir Ă la personne et la dĂ©finir dans sa singularitĂ© ne la dĂ©finissent pas, ne sont ni essentielles, ni nĂ©cessaires. Elles peuvent mâĂȘtre ĂŽtĂ©es sans que je cesse dâĂȘtre moi. la beautĂ© cf la vieillesse, la dĂ©figuration Merteuil Ă la fin des Liaisons dangereuses , dĂ©figurĂ©e par la vĂ©role. Malheur des personnes qui se dĂ©finissent par leur beautĂ© elles vont continuer Ă ĂȘtre alors que leur beautĂ© ne sera plus. Pascal semble ici sâinscrire dans une tradition qui dĂ©nonce la confusion du paraĂźtre et de lâĂȘtre, des apparences et de lâessence. Quoiquâil faudra nuancer ceci cf la derniĂšre conclusion du texte, Ă©tonnante, paradoxale, qui rĂ©habilitĂ© les qualitĂ©s dâemprunt Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. » Surtout ne pas sâarrĂȘter lĂ Pascal dirait quâil ne faut pas aimer une personne simplement pour sa beautĂ©, son apparence, mais pour ses qualitĂ©s intĂ©rieures. Non, les qualitĂ©s intĂ©rieures sont passibles du mĂȘme traitement. le jugement, la mĂ©moire, les qualitĂ©s intellectuelles peuvent disparaĂźtre sans que la personne cesse dâĂȘtre. Cf la vieillesse, les changements de personnalitĂ©s Ă cause des accidents de la vie. Pas de diffĂ©rences de statut entre les qualitĂ©s intĂ©rieures et extĂ©rieures toutes pĂ©rissables, sĂ©parables de moi. On progresse vers une hypothĂšse limite ce qui dĂ©finit le moi, la personne dans sa singularitĂ©, ne rĂ©siderait pas dans sa personnalitĂ© ! Si une personne nâest pas singularisĂ©e par sa personnalitĂ©, par quoi alors ? Discussion du cĆur de lâargument Est-il si vrai que les qualitĂ©s personnelles ne dĂ©finissent pas le moi ? Nây a-t-il pas des qualitĂ©s inaliĂ©nables au moi, certains traits physique ou de caractĂšre ? Pour Pascal, sans doute une illusion de croire en des traits permanents, ou alors au mieux peut-ĂȘtre permanent par accident de fait tel trait de lâindividu ne change pas mais pas de façon essentielle il aurait pu changer sans que lâindividu soit dĂ©truit. Ou alors des qualitĂ©s liĂ©es Ă lâorigine ĂȘtre le fils de » ? Mais mon origine me dĂ©finit-elle comme moi ? Conclusion intermĂ©diaire Raisonnement aporĂ©tique on essaie de dĂ©finir le moi question simple et classique et finalement, on se rend compte quâon ne trouve plus ce quâon voulait dĂ©finir, que le moi est introuvable, non localisable, inassignable. DâoĂč la question de la localisation OĂč est donc le moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? » Question de la localisation assez Ă©trange, comme si le moi Ă©tait une chose, une partie de moi. OĂč est le cĆur ? » a une rĂ©ponse, mais oĂč est le moi ? », nâest-ce pas faire une erreur dans la conception du moi ? Confondre le moi avec une chose Ă©tendue. Pascal ne peut ignorer Descartes cf Discours de la mĂ©thode "J_e connus par lĂ que jâĂ©tais une substance dont toute lâessence ou la nature nâest que de penser, et qui pour ĂȘtre nâa besoin dâaucun lieu ni ne dĂ©pend dâaucune chose matĂ©rielle en sorte que ce moi, câest-Ă -dire lâĂąme, par laquelle je suis ce que je suis, est entiĂšrement distincte du corps"_ Dernier moment du texte et du raisonnement de Pascal La critique du moi cartĂ©sien "C_ar aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s_." Ayant montrĂ© que ni les qualitĂ©s physiques, ni les qualitĂ©s spirituelles permettent de dĂ©finir le moi, Pascal fait lâhypothĂšse dâun moi sans qualitĂ©, en Ă©voquant lâamour pour "la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent." Vocabulaire de la substance Ă©voque Descartes le cogito, une substance pensante, une res cogitans. Tant mieux si les Ă©lĂšves le repĂšrent. Mais on peut expliquer lâargument sans connaĂźtre Descartes. Il sâagit de considĂ©rer un moi abstraction faite de ses qualitĂ©s. La distinction abstrait/concret est travaillĂ©e durant lâannĂ©e. La chose concrĂšte, ici, câest la chose telle quâelle se prĂ©sente Ă moi dans lâexpĂ©rience, pourvue de toutes ses qualitĂ©s un homme, une barbe, un chapeauâŠ. Abstraire opĂ©ration intellectuelle qui consiste Ă ne pas tenir compte, Ă faire abstraction, des propriĂ©tĂ©s contingentes. Ce qui reste alors du moi une entitĂ© abstraite sans qualitĂ©. Toujours cette idĂ©e quâaucune qualitĂ© ne me dĂ©finit en propre. Câest le cas du cogito cartĂ©sien tout le monde est un cogito, câest un moi qui est celui de tout le monde, bref, câest un moi, une subjectivitĂ© pure, qui nâest pas moi, une identitĂ© singuliĂšre. ConsĂ©quence une telle entitĂ© pose des problĂšmes, elle trop abstraite pour ĂȘtre digne dâamour, trop indiffĂ©renciĂ©e pour ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©e aux autres. Personne nâaime un cogito, tout le monde aime une personne particuliĂšre. Le concept philosophique, cartĂ©sien, du moi est trop Ă©loignĂ© de lâusage ordinaire du moi. Conclusion n°1 On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. ConsĂ©quence de lâargumentation nâest pas quâil faut aimer le moi rĂ©el, et non ses qualitĂ©s apparentes, mais au contraire quâon ne peut aimer que les qualitĂ©s dâune personne, et non la personne elle-mĂȘme. Pensons aux personnes qui aiment des types de personnes », ou Ă la façon dont on justifie nos amours Duras il Ă©tait riche et doux ». Ce texte est donc aussi un texte sur le dĂ©sir et lâamour quâaime-t-on chez lâautre ? quâest-ce que lâautre aime en moi ? Lieu de confusion, dâobscuritĂ©, dâĂ©quivocitĂ©, de dĂ©ception. Pascal on nâaime pas une personne, on nâaime jamais personne. Contre Montaigne parce que câĂ©tait lui, parce que câĂ©tait moi ». Contre le mensonge romantique de coup de foudre entre deux personnes singuliĂšres, la vĂ©ritĂ© dĂ©senchantĂ©e de lâamour. Rapprochement possible avec le moi est haĂŻssable », la critique du moi chez Pascal au sens de lâamour propre. Le moi nâest pas aimable. Laf 597 Conclusion n°2 Autre conclusion, paradoxale. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. Pas de mĂ©pris du paraĂźtre, des qualitĂ©s empruntĂ©es sociales ou autres puisquâil nâen est pas dâune autre nature. DiffĂ©rence genre/espĂšce toutes les qualitĂ©s ne sont pas de la mĂȘme espĂšce physique, intellectuelle, sociale, mais elles sont toutes du mĂȘme genre dâemprunt. Pas dans la dĂ©fense de lâĂȘtre contre le paraĂźtre puisque lâĂȘtre, le moi, nâest pas aimable. Deux niveaux pas de mĂ©pris de lâĂ©tiquette sociale cf le discours sur la considĂ©ration des grands. pas de raison de tirer de lâamour-propre de son prestige social. Conclusion gĂ©nĂ©rale rappel de lâessentiel et rĂ©flexion finale Pascal distingue trĂšs nettement le moi de ses qualitĂ©s au point quâune question reste ouverte Ă la fin du texte quâest-ce que le moi ? RĂ©ponse essentiellement nĂ©gative Le moi nâest pas un individu quelconque. Je ne suis pas ma beautĂ©, mon intelligence, mes titres. ConsĂ©quence ce nâest pas moi quâon aime, mais mes qualitĂ©s. Alors, quâest-ce que le moi ? Trois hypothĂšses demeurent le moi nâexiste pas ou câest une idĂ©e confuse. le moi est une rĂ©alitĂ© subjective accessible uniquement Ă la premiĂšre personne, un cogito. Ce qui expliquerait lâĂ©chec de la dĂ©finition du moi dans le cadre dâune relation Ă autrui. Mais Ă ce moment, lâapproche du moi par proposĂ©e par Pascal est pour le moins Ă©trange et le troisiĂšme moment de lâargumentation devient difficilement comprĂ©hensible. Le moi est bien lâobjet dâune intention. Lâautre peut penser Ă moi. Mais lâerreur est dâen faire un objet dâamour, de prĂ©fĂ©rence, de qualitĂ©. Bref, le moi critiquĂ© serait celui de lâamour propre. La singularitĂ© du moi implique une individuation du moi une distinction matĂ©rielle et intentionnelle, mais non pas une qualitĂ© propre du moi, une distinction de valeur. Au contraire, cette valorisation du moi est le dĂ©but de la confusion. Pour Pascal, lâindividuation, lâindividualitĂ© est une limite, un obstacle Ă la raison et Ă la justice, et non pas une diffĂ©rence Ă valoriser. Individuation, expression de la misĂšre de lâhomme ! 2 minutes papillon de GĂ©raldine Mosna-SavoyeGĂ©raldine Mosna-Savoye s'entretient avec JĂ©rĂŽme LĂšbre, philosophe et professeur de philosophie en terminale, auteur de Les caractĂšres impossibles Bayard et d'entretiens avec Jean-Luc Nancy sur lâart Ă paraĂźtre aux Ă©ditions Bayard Ă©galement. Textes lus par Jean-Louis Jacopin Pascal, PensĂ©es Lafuma 688 PlĂ©iade 306, Gallimard, p. 1165 Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses 1782, 4Ăšme partie, Lettre CLXXV Lettre 175, Gallimard 201, p. 457-458 Extraits de films diffusĂ©s Nicole Garcia, Lâadversaire 2002 NoĂ©mie Lvovsky, Camille redouble 2012 Musiques diffusĂ©es Sung Woo cho, April snow Julio IglĂ©sias, Je nâai pas changĂ© FrĂ©hel, Tel quâil estLesaccidents sont les propriĂ©tĂ©s qui nâaffectent pas la substance de cet ĂȘtre. Pascal soutient quâaucune propriĂ©tĂ© ne permet Ă elle seule de dĂ©finir le « Moi » : le corps et lâĂąme de la personne ne cessent de changer, tout comme ses qualitĂ©s, mais la personne demeure la mĂȘme. Quâest-ce que le moi ?
25 octobre 2017 Auteur Tatiana Klejniak, artiste, licenciĂ©e en philosophie RĂ©sumĂ© Partir dâune question je vous donne un indice, le titre de lâarticle, voire mĂȘme de plusieurs, tant quâĂ faire, et dĂ©couvrir que parfois, une question peut ouvrir de nouveaux champs, dâautres possibilitĂ©s, peut conduire ailleurs, sur un autre chemin. Et parfois, dans cet ailleurs, on sây reconnaĂźt, soi, lâautre, que je suis pour moi, pour toi. Nous suivrons le rĂ©cit de M, une partie de son cheminement, et comment elle sâest dĂ©couverte autre, Ă diverses reprises, par divers biais. Temps de lecture 15 minutes TĂ©lĂ©charger l'analyse en PDF Quâest-ce que je fous lĂ ? ». Je ne sais pas vous, mais moi, je me la pose de temps en temps, cette question. Ici, ou lĂ , seule, ou pas. Avec en arriĂšre-fond, voire en arriĂšre-goĂ»t, un sentiment dâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ©. Lâimpression de ne pas, plus, ĂȘtre chez soi. Sentiment propre Ă tout homme, qui souvent reste voilĂ©, Ă©vincĂ©, mais qui se dĂ©voile, parfois, quand la familiaritĂ© quotidienne se brise. Un instant, oĂč ce qui semblait familier ne lâest plus, ou inversement. Les deux, familier et non familier, sâavĂ©rant, non point antinomiques, mais fonciĂšrement liĂ©s. LiĂ©e, aussi, Ă lâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ©, lâangoisse. Couple insĂ©parable. Il pointera le bout de son nez, ce couple, cĂ©lĂšbre, Ă divers moments, dans la vie de M. Nous allons le dĂ©couvrir au travers de son rĂ©cit. Mais encore un mot, avant. Quâest-ce que je fous lĂ ? », encore, jây tiens, jâinsiste. Telle est, pour Jean Oury, la question fondamentale, Ă toujours se poser »[1]. Si elle peut apparaĂźtre, se glisser, subrepticement, dans diverses circonstances, un souper en famille, avec des amis, seul, en couple, dans la foule, âŠ, cette question, profondĂ©ment existentielle, touche au plus profond de notre ĂȘtre. Elle nâattend pas de rĂ©ponse, mais nous interroge. Impossible de lâignorer. Nous la verrons, cette question, au cours des diffĂ©rents rĂ©cits, se poser, violente, Ă©tincelante, ou en filigrane. Marque humaine, trop, peut-ĂȘtre, ou pas. Un point de dĂ©part, parfois, aussi, vers dâautres chemins, de traverse. Oui, ça arrive, et nous allons nous en apercevoir grĂące Ă lâhistoire de M, enfin une partie de sa vie, quâelle mâa confiĂ©e. Je lâen remercie, dâailleurs, ici et maintenant. Et je lui laisse la parole, il est temps. Quâest-ce qui mâassure que je peux compter sur toi, sur lâAutre ? Câest peu de dire que pour elle, cette question sâest rĂ©vĂ©lĂ©e, de façon brutale, sur son lieu de travail. Le boulot Ă©tait horrible, comme aller en prison, un vrai systĂšme carcĂ©ral ». Elle y voit un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur qui la conduira chez le neuropsychiatre. Il lui donnera des antidĂ©presseurs et parlera dâanxiĂ©tĂ©. M retourne au travail, dans dâautres services, a, comme elle le dit des comportements de fuite, mais ça nâallait pas mieux. Jâai toujours essayĂ© dâesquiver lâhistoire. JâĂ©tais trĂšs mal dans ma peau, sans personne ». Elle rencontre un homme, se marie, a un enfant, mais, vers trente-sept ans, ce sera beaucoup plus sĂ©rieux, je pleurais sans cesse, partout, je nâarrivais pas Ă arrĂȘter de pleurer. Une tristesse incroyable. Comme une fatalitĂ©. Jâai laissĂ© mon enfant Ă son pĂšre. Je nâĂ©tais pas la bonne mĂšre, pas responsable ». M rencontre une autre neuropsychiatre, un dragon. JâĂ©tais amorphe, je nâavais plus aucune volontĂ©. Elle a proposĂ© de mâhospitaliser. JâĂ©tais mĂ©fiante, mais ai acceptĂ©. ». AntidĂ©presseurs Ă dose massive, par intraveineuse, Ă©lectrochocs, six, coup sur coup. M a oubliĂ© beaucoup de cette pĂ©riode, elle a des trous noirs, mais se souvient de lâimpression dâĂȘtre une autre. Je parlais Ă des gens que je ne connaissais pas. JâĂ©tais dĂ©sinhibĂ©e, comme quelquâun dâautre qui vivait Ă ma place ». AprĂšs quatre ou cinq mois Ă lâhĂŽpital, on lui donne du Rohypnol, et lĂ elle dĂ©cide de le cracher dans lâĂ©vier, signe pour elle quâelle reprend conscience. Elle pourra, peu de temps aprĂšs, dire Ă la neuropsychiatre quâelle veut sortir. Celle-ci attendait que M puisse lâarticuler. Dire, sâexprimer, par les mots, M ne savait pas le faire. Dans ma famille, on ne parlait pas, chacun vivait dans sa bulle. Mes parents Ă©taient lĂ , sans y ĂȘtre. Je ressentais un grand sentiment dâinsĂ©curitĂ©, la peur dâĂȘtre abandonnĂ©e. Jâai reproduit ça dans mes couples. Quand on me quittait, la terre sâarrĂȘtait de tourner. Je ne savais pas me situer. Les autres Ă©taient mon miroir. JâĂ©tais comme ça ». Un grand sentiment dâinsĂ©curitĂ©. Soi et lâAutre. Il y va, ici, pour Lacan, de ce quelque chose de primitif qui sâĂ©tablit dans la relation de confiance. Dans quelle mesure et jusquâĂ quel point puis-je compter sur lâAutre ? Quâest-ce quâil y a de fiable dans les comportements de lâAutre ? Quelle suite puis-je attendre de ce qui dĂ©jĂ a Ă©tĂ© par lui promis ? »[2]. Interrogation primitive, commune, Ă toutes et tous, Ă la base de lâhistoire de chacune. De fait, lĂ aussi, je ne sais pas vous, mais moi je me la pose souvent cette question. Elle mâaccompagne. Quâest-ce qui mâassure que je peux compter sur toi, sur lâAutre, qui pourtant mâa donnĂ© sa parole. Lâa-t-il donnĂ©e dâailleurs ? Vraiment ? Mais ça se reprend une parole, ça tient Ă quoi ? Es-tu lĂ , rĂ©ellement, pour moi ? Existe-t-il un lien, entre nous ? Et si je nâĂ©tais rien pour toi, rien du tout, ou si peu. Et lâon pressent, Ă quel point, ces questions remontent, de loin. Câen est Ă©tourdissant. Et pointe, notre cĂ©lĂšbre couple, inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© et angoisse, jamais trĂšs loin quand il sâagit de questions existentielles. Un combat ordinaire Bref. Pour M, ce lien nâexistait pas, elle ne lâa pas connu. Elle a dĂ» trouver comment le tisser. Je ne sentais pas ce lien avec mes parents. Pourtant, ils mâaimaient, mais il y a des manques. Les paroles, les Ă©changes Ă©taient interdits. Je nâavais pas droit Ă lâĂ©chec. Je voulais un lien indĂ©fectible, quâil y ait au monde quelquâun pour qui je compte vraiment. Jây croyais quand mĂȘme ». M a eu un fils. Câest pour lui, notamment, quâelle rĂ©primera ses idĂ©es de suicide. Je ne pouvais pas infliger ça Ă mon fils que jâai voulu profondĂ©ment, avec qui le lien ne se dĂ©fera jamais. IdĂ©alement, câest le lien le plus fort qui soit. Câest toi qui fais le lien, la relation avec lâautre câest toi chaque jour, je lâignorais complĂštement ». CrĂ©er du lien, un nouveau mode de vie. Pouvoir sâappuyer, sur quelque chose, quelquâun. Une autre façon dâĂȘtre au monde, de faire avec, soi, les autres. M le dĂ©couvrira, notamment, en sâinscrivant Ă lâacadĂ©mie. Ce sera le seul milieu oĂč je me suis sentie bien. JâĂ©tais au niveau des autres, alors quâavant je me sentais en dessous, jâĂ©tais comme chez moi. Ce fut ma thĂ©rapie. Jâavais trouvĂ© ma façon de mâexprimer. Je nâai jamais eu la parole facile ». M peut dĂšs lors se dire, ĂȘtre en rapport avec les autres, grĂące Ă lâart, et ĂȘtre reconnue, aussi, par les professeurs, et leurs apprĂ©ciations. Sa dĂ©marche crĂ©ative lui permettra Ă la fois de sâĂ©manciper, dâaffirmer sa singularitĂ©, et du mĂȘme mouvement de faire lien, de se rendre visible, dâĂȘtre reconnue, par lâAutre. Enfant dĂ©jĂ , M gribouillait sans cesse, et se racontait des histoires, avec tout et nâimporte quoi, inventait une vie sociale. La peinture deviendra son mode dâexpression, comme possibilitĂ© de lien, une façon de se positionner avec les autres, ce que je ne sais pas faire avec la parole ». Pour M, crĂ©er, lui permettra Ă la fois de se positionner comme sujet, de sâexprimer, et de sâadresser Ă lâAutre. Une rencontre devient possible, et dĂšs lors des Ă©vĂ©nements peuvent survenir. Ainsi a-t-elle trouvĂ© une possibilitĂ© de vivre et de dire Ă lâautre, malgrĂ© mon effacement. Pouvoir mâadresser Ă lâautre. Car les autres mâintĂ©ressent, mais je nâarrivais pas Ă comprendre les autres car je ne savais pas qui jâĂ©tais. Exprimer sa crĂ©ativitĂ©, câest liĂ© Ă la vie. Câest parce quâon est crĂ©atif quâon a survĂ©cu. On fait avec des petites choses ». Des petites choses, particuliĂšres, Ă chacune. Des bricolages, singuliers, inventions personnelles, et uniques, toujours, qui ouvrent Ă lâĂ©vĂ©nement, Ă de nouveaux chemins, dâautres modes dâexistence. LibĂ©rer la vie lĂ oĂč elle est prisonniĂšre, comme disait lâautre Deleuze[3], ou essayer. Câest un combat, incertain, un combat ordinaire titre dâune trĂšs belle bd de Manu Larcenet, que je vous conseille, en passant. Vous y retrouverez le sentiment dâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ©, le sien, de sentiment, et ses angoisses, aussi, et beaucoup dâautres choses, trĂšs belles, et vivantes. Son bricolage Ă lui, ce sera la bd, enfin notamment, car je ne le connais pas personnellement Manu. Bon, je ferme ma parenthĂšse. Allez, quelques questions, pour la route, les derniĂšres, promis. Jâai utilisĂ© des mots, quelques lignes plus haut, qui en fait sont bien plus lourds de sens que ce que je nâimaginais. Les voici, en vrac se rendre visible Ă qui ?, sâexprimer, dire et le plus compliquĂ©, Ă mes yeux, ĂȘtre reconnue[4]. Car, vous allez me dire, car vous me suivez, hein ? Par qui, mais oui, par qui pardi peut-on le peut-on ? le doit-on ? se dire reconnu? Par moi, toute seule, je me reconnais ? Câest peu, non ? Par toi, tel ou telle autre. Dans le cas de M, notamment, les professeurs, Ă lâacadĂ©mie. Mais dĂšs lors, et je sens que cette affaire est dĂ©finitivement plus complexe que prĂ©vue, donc je reprends, et je vais ĂȘtre trop longue, je le sais. Si tu me reconnais, il me faut te reconnaĂźtre, en retour. Que vaudrait la reconnaissance de quelquâun que je ne reconnais pas ? Et si je la perds, cette reconnaissance que me donne cet autre, que reste-t-il ? Et sâil sâagissait, aussi, dâune reconnaissance non pas liĂ©e Ă tel ou telle autre, mais une reconnaissance symbolique, de lâAutre, avec majuscule concept fort complexe que jâemprunte Ă Lacan sans le maĂźtriser totalement, du tout⊠Bon, jâai un peu mal Ă la tĂȘte. On en reparle, dâaccord ? DĂ©couvrir nos rĂ©cits, analyses conceptuelles et analyses d'oeuvres ?DĂ©couvrir les propositions politiques du Mouvement pour une psychiatrie dans le milieu de vie ? RĂ©fĂ©rences
ParLéopold Tobisch. Publié le mercredi 24 août 2022 à 12h11. 2 min. Le théorbiste et luthiste Pascal Monteilhet est décédé ce mercredi 23 août. Pascal Monteilhet, théorbiste et luthiste et grande figure de la scÚne baroque française des années 1980 et 1990, nous a quittés hier soir. Il avait 67 ans.
2 Le Moi est un produit de la sociĂ©tĂ©. 1° - Il convient de remarquer que nous sommes ce que nous avons Ă©tĂ©. La personnalitĂ© prĂ©sente rĂ©pĂšte la personnalitĂ© passĂ©e : elle en est mĂȘme la manifestation. Le Moi est donc liĂ©e Ă la mĂ©moire, laquelle en Ă©tant conscience de mon identitĂ© Ă travers le temps, me dĂ©gage de lâinstantjournal article LECTURE D'UNE PENSĂE DE PASCAL QU'EST-CE QUE LE MOI? » Les Ătudes philosophiques No. 3, RECHERCHES JUILLET-SEPTEMBRE 1983, pp. 353-356 4 pages Published By Presses Universitaires de France Read and download Log in through your school or library Read Online Free relies on page scans, which are not currently available to screen readers. To access this article, please contact JSTOR User Support. We'll provide a PDF copy for your screen reader. With a personal account, you can read up to 100 articles each month for free. Get Started Already have an account? Log in Monthly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 10 article PDFs to save and keep $ Yearly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 120 article PDFs to save and keep $199/year Purchase a PDF Purchase this article for $ USD. Purchase this issue for $ USD. Go to Table of Contents. How does it work? Select a purchase option. Check out using a credit card or bank account with PayPal. Read your article online and download the PDF from your email or your account. Preview Preview Journal Information La revue, fondĂ©e par Gaston Berger en 1926, et publiĂ©e dâabord Ă Marseille comme Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Ă©tudes philosophiques du Sud-Est, sâĂ©tait fixĂ©e une double tĂąche rendre compte des recherches menĂ©es dans les sociĂ©tĂ©s de philosophie et les universitĂ©s dans un cadre rĂ©gional dâabord, et bientĂŽt national, mais aussi faire mieux connaĂźtre les grandes tendances de la vie philosophique au plan international la prĂ©sence dâEdmund Husserl parmi les premiers correspondants de la SociĂ©tĂ© dâĂ©tudes philosophiques en Ă©tant un signe parmi d'autres. Publisher Information Founded in 1921, consolidated in the '30s by merging with three editors of philosophy Alcan, history Leroux and literature Rieder, Presses Universitaires de France today organize their publications around the following lines of force research and reference collections, journals, book collections, and essay collections. Rights & Usage This item is part of a JSTOR Collection. For terms and use, please refer to our Terms and Conditions Les Ătudes philosophiques © 1983 Presses Universitaires de France Request Permissions
Quiest la chĂ©rie du chanteur ? Connue sous le nom de Julie Hantson, elle est avant tout un mannequin.Et apparemment, cette jeune femme a fait des miracles dans la vie de Pascal Obispo. Ă tel point que le chanteur sâest inspirĂ© dâelle pour Ă©crire une de ses chansons.. Câest ainsi que le titre « Et Bleu » a vu le jour. Dâautant plus quâils lâont chantĂ© ensemble !
SociĂ©tĂ© ProcĂšs Lâenregistrement dâun dĂ©jeuner de famille de 2014 a Ă©tĂ© diffusĂ©, jeudi, au procĂšs dâHubert Caouissin et Lydie Troadec. Pascal Troadec et son Ă©pouse Brigitte, tuĂ©s avec leurs deux enfants trois ans plus tard, assistaient Ă ce repas. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Lâenregistreur tourne, il est cachĂ© dans le soutien-gorge de Lydie Troadec. Tu tâinstalles lĂ , Pascal, ordonne-t-elle Ă son frĂšre. Jâai mandatĂ© Hubert [Caouissin]. » On entend Pascal Troadec protester Surtout pas Hubert. Avec Papa, tâaurais pas fait ça⊠â Jâai mandatĂ© Hubert. » Bruit de chaises. Tension. Vas-y maman, je tâĂ©coute. » RenĂ©e Troadec prend la parole. Bon ben, jâestime que jâai droit Ă la moitiĂ© de ce que vous avez pris. â La moitiĂ© de quoi ?, sâexclame Pascal. â Ah, bah jâsais pas⊠» Lydie sâadresse Ă sa mĂšre. Dis ce que tu as Ă dire, maman. » La vieille dame rĂ©pĂšte quâelle veut la moitiĂ© de ce qui a Ă©tĂ© pris ». Pascal Troadec, entre sidĂ©ration et colĂšre Maman, quâest-ce quâon tâa piquĂ© ? â Des piĂšces dâorâŠ, murmure la vieille dame. â Qui a piquĂ© des piĂšces dâor ? ! Moi, jâai volĂ© des piĂšces dâor ? ! Tâes malade ? ! â OĂč il y a des piĂšces dâor ? Je comprends rien⊠», intervient Brigitte, la femme de Pascal. La voix posĂ©e dâHubert Caouissin couvre le tumulte. Lydie mâa mandatĂ©. » Il poursuit dâun ton docte. Il y avait quelque chose dans lâimmeuble de Brest. Quelque chose de trĂšs trĂšs important. Alors, deux possibilitĂ©s, soit vous nây ĂȘtes pour rien, soit vous avez quelque chose Ă vous reprocher⊠â Se reprocher quoi ? Mais vous ĂȘtes tous malades !, explose Pascal. â Mais pourquoi tu tâĂ©nerves si tâas rien Ă te reprocher ? », lui lance sa sĆur Lydie. Cris, hurlements, fracas. Brigitte, lâĂ©pouse de Pascal, perd ses nerfs. Viens, on sâen va, on sâen va ! Mais quâest-ce que câest que cette histoire ? Vous nous traitez de voleurs ? » Pascal, au dĂ©sespoir Tu me traites de voleur, Maman ? Câest pas bien. » Hubert Caouissin, toujours aussi maĂźtre de lui Jâai des informations⊠â Ecoutez Hubert, ordonne Lydie. Je lâai mandatĂ©. â Mais jâai volĂ© quoi ? !, insiste Pascal â DâoĂč elle dĂ©barque cette histoire ? », crie Brigitte. Hubert Caouissin rĂ©pĂšte Je vous jure que câest fabuleux, quâil y a de quoi changer la vie de tout le monde. Je sais ce que je dis. Il y a eu quelque chose. Il nây a plus rien. Qui lâa pris ? » Il ajoute Pour des choses comme ça, on Ă©radique des familles entiĂšres. Donc, si vous avez fait quelque chose, il vaut mieux sâarranger. â Mais tu sais QUOI ?, demande Pascal. Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. f7QB.